Portée par la téléphonie mobile et les technologies de l’information et de la communication (TIC), la révolution numérique bouleverse l’Afrique. Quelles sont les transformations en cours pour l’économie africaine et dans la vie quotidienne des Africains ?
Phénomène global, la révolution numérique a atteint le continent africain tardivement. Elle s’y déploie néanmoins avec rapidité et vigueur suivant des modalités singulières, en sautant des étapes.
Diversité, inégalités et apparents paradoxes
Un rattrapage fulgurant
L’Afrique apparaît encore dans le bas des classements mondiaux en matière de développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de l’exploitation de leur potentiel. Cependant, la diffusion des TIC sur le continent, qui date de la fin des années 1990, s’est fortement accélérée au cours des dernières années. Avec un taux de croissance moyen annuel supérieur à 6% selon la GSM Association (rapport sur l’économie du secteur mobile en Afrique subsaharienne de 2017), la téléphonie mobile connaît, en Afrique, la progression la plus forte au monde. Elle y a littéralement submergé la téléphonie fixe dont le développement a été avorté.
L’Afrique subsaharienne comptait à elle seule 420 millions d’abonnés uniques en 2016, soit un taux de pénétration de 43%. Selon les projections, ce taux atteindra les 50% en 2020, avec 535 millions d’abonnés en Afrique subsaharienne et 725 millions pour tout le continent. L’Afrique deviendra alors le deuxième marché mondial en nombre d’usagers.
Entre 2005 et 2015, le nombre d’appareils utilisés sur le continent est passé de 130 à 900 millions. Sur ces 900 millions d’appareils, on comptait moins de 200 millions de smartphones. Selon les estimations de GSMA, ce chiffre devrait atteindre 500 millions d’ici à 2020. Une grande partie des usagers possédant plusieurs téléphones et plusieurs cartes SIM (Subscriber Identity Module).
À ce rythme, les communications ont explosé ces dernières années. Le nombre de connexions par carte SIM s’est élevé à 772 millions en 2016 et on devrait dépasser le milliard d’ici à 2020. La progression pour l’ensemble de l’Afrique a été de 344% en dix ans. Dans le même temps, le nombre de connexions dans le reste du monde passait de 3,2 à 6,6 milliards, soit une progression de seulement 107%.
Spécificités africaines
Cette dynamique n’est toutefois pas égale à travers le continent. En Afrique subsaharienne, le taux de pénétration de la téléphonie mobile varie énormément d’un pays à l’autre. Au Niger et en République centrafricaine, il n’atteint pas 25% et en Érythrée il est estimé à 9%. À l’île Maurice, aux Seychelles, au Botswana et en Afrique du Sud, les taux sont proches des 70%.
L’une des particularités de la révolution numérique en Afrique tient à la relativement faible diffusion de l’usage d’Internet par rapport à celle de la téléphonie mobile. Le taux de pénétration (nombre d’utilisateurs d’Internet pour 100 habitants), en croissance forte au cours des cinq dernières années, est estimé à 24% environ en 2016 pour l’ensemble du continent, à moins de 20% pour l’Afrique subsaharienne, alors que la moyenne mondiale dépasse les 45%.
Cela tient en partie à une autre spécificité du tournant numérique que prend l’Afrique : plus de la moitié des connexions à Internet passe par le téléphone mobile plutôt que par un ordinateur. Or, d’une part, le haut débit reste encore cher et peu accessible sur le continent. D’autre part, la diffusion des smartphones ne s’est accélérée que très récemment avec l’émergence d’un marché de produits d’occasion et l’apparition d’appareils plus accessibles financièrement et technologiquement, souvent fabriqués en Chine.
Avec cette dynamique et sa croissance démographique, l’Afrique subsaharienne représente un marché considérable pour l’économie des TIC. Son poids, déjà estimé à 7,7% du PIB de l’ensemble des pays subsahariens, devrait atteindre 8,6% en 2020. Quant aux recettes fiscales générées par le secteur, elles avoisineraient les 13 milliards de dollars pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne selon le rapport de la GSMA.
Le nombre d’emplois directs dans le secteur, assez modeste, s’élèverait à 1,1 million en 2016. Le nombre d’emplois indirects est quant à lui estimé à 2,4 millions. Car le développement de l’économie des TIC, principalement du téléphone mobile, permet aussi l’émergence de nouveaux petits métiers : vente et réparation de téléphones et d’accessoires, vente de crédit téléphonique, rechargement des batteries dans les marchés ruraux, etc.
Le téléphone est en effet une source de dépenses proportionnellement plus importantes pour les ménages africains que pour ceux des pays du Nord. Outre l’achat et la réparation, les coûts de communication, mais aussi de personnalisation – sonneries par exemple – augmentent les factures. Même si les coûts de connexion à Internet à partir d’un téléphone chutent rapidement, ils restent en Afrique plus élevés que partout ailleurs.
Les opérateurs ont développé des offres adaptées aux modes de consommation : forfaits prépayés comprenant communication et navigation Internet, rechargement de crédits par petites sommes, nombreuses et fréquentes promotions, etc. Il en est de même sur les réseaux sociaux. Facebook autorise par exemple l’envoi de publications et de “like” par SMS tandis qu’au Nigeria, au Kenya ou encore au Ghana, Google offre la possibilité d’envoyer des mails sans connexion Internet, par SMS également.
En Afrique subsaharienne, c’est donc pour le moment le téléphone mobile qui porte la révolution numérique. Outil multifonctionnel et indispensable de la vie quotidienne, il s’élève dorénavant au même rang que des services de base (électricité, installations d’assainissement améliorées), pour lesquels les taux de couverture sont analogues voire inférieurs.
Localement, la diffusion du téléphone mobile, d’Internet et des différentes technologies numériques peut, du coup, surprendre dans des contextes marqués par la pauvreté, où l’électricité et les routes font souvent défaut et où l’accès à l’eau, à la santé, à l’éducation n’est pas toujours garanti.
Il ne s’agit toutefois nullement d’un paradoxe dans la mesure où l’habitat précaire, les réseaux de transport et d’énergie incomplets et parfois défaillants ne permettent pas des accès individuels fixes au téléphone et à Internet. Le téléphone mobile, avec son coût faible et son ubiquité, est pour sa part accessible à toute heure et en tout lieu. Il ne demande en outre pas un niveau d’alphabétisation et de maîtrise technique trop élevé.
L’émergence d’une nouvelle économie
Tous les secteurs d’activité sont concernés par la diffusion de l’usage des TIC, qu’il s’agisse de l’agriculture, du commerce et des services ou de l’industrie.
Le domaine de la santé
Ce domaine présente des avancées significatives par son potentiel en matière de prévention, de dépistage, de traitement et d’élargissement de l’accès aux soins.
Le recours à la technologie permet tout d’abord d’abolir les distances, de réduire les coûts et de pallier le manque de personnel ou d’infrastructures sanitaires, notamment en faveur de groupes isolés et de zones reculées. Ainsi le développement de kits d’examen portables couplés à la prise de photographies de haute qualité avec des téléphones portables et leur transmission à des spécialistes permettent-ils à des médecins de procéder à des diagnostics à distance pour des traitements plus précoces. Tel a été récemment le cas pour le dépistage de la fièvre Ebola au Rwanda et au Nigeria où la surveillance en temps réel a permis de contenir l’épidémie.
Des drones sont utilisés pour parachuter des poches de sang dans des zones difficiles d’accès du Rwanda dans le cadre de la lutte contre les hémorragies post-partum. L’impression 3D peut révolutionner la médecine à travers la fabrication de prothèses orthopédiques ou le dépistage de maladies. Dans le cas de la malaria, la création de kits de diagnostic offre des services à coûts réduits à des communautés à faibles revenus.
La technologie permet ensuite de collecter et d’analyser des données (mégadonnées ou big data), issues des appels mobiles anonymisés, de l’activité des antennes relais de téléphonie mobile ou de la surveillance par des drones, pour détecter des épidémies – via la géolocalisation des appels aux services d’assistance –, suivre la propagation de maladies par le biais de la cartographie – suivi des déplacements de populations – et ainsi mieux cibler la distribution de médicaments.
Ces développements sont cependant limités par la qualité et la fiabilité de ces données ainsi que par la réglementation de la collecte et du partage des données entre les États, les opérateurs de santé et les opérateurs téléphoniques – qui peuvent eux-mêmes offrir des micro-assurances de santé pour attirer ou fidéliser leur clientèle.
D’autres obstacles résident dans la poursuite des investissements dans les infrastructures routières et les systèmes de transport, de même que dans le développement et l’amélioration de la prévention des maladies, et la réduction des coûts des soins.
Le secteur de l’éducation
L’éducation représente un deuxième secteur d’application des nouvelles technologies. À l’origine, l’approche était centrée sur les outils : radio ou télédiffusion de programmes éducatifs en Côte d’Ivoire, Niger, Sénégal dès les années 1960, utilisation plus massive de logiciels et cédéroms éducatifs dans les écoles dans les années 1990, d’ordinateurs individuels dans les années 2000.
Dorénavant, l’approche est centrée sur le contenu et les usages via l’utilisation d’Internet et de la téléphonie mobile : universités en ligne, campus numériques, plateformes numériques de cours en accès libre (MOOC, massive open online course), petites plateformes portables d’accès à Internet (BluPoint) permettant un accès gratuit du contenu en Bluetooth ou Wifi sur des téléphones portables ou appareils compatibles (tablettes, liseuses) dont le prix et la consommation d’énergie diminuent.
La tendance est également à une hybridation des dispositifs pédagogiques pour l’éducation de base, la formation continue ou l’apprentissage (radios éducatives, accès à Internet et téléphonie mobile).
L’accès à l’électricité reste toutefois une condition pour l’accès à ces outils pédagogiques numériques. Des compétences numériques sont également nécessaires pour bénéficier de leur contenu. L’appropriation des technologies par les usagers est tout aussi importante que la diffusion des avancées technologiques.
Le secteur financier
Banques, assurances, transferts d’argent, bourses : les innovations sont considérables. La plateforme de paiement numérique M-Pesa, proposée par Safaricom au Kenya depuis 2007, a connu une croissance rapide, illustrant la mutualisation des infrastructures et l’interopérabilité entre les grands opérateurs.
Elle permet de multiples usages liés à la réception et à l’envoi d’argent à partir de téléphones mobiles : envoi de fonds par des travailleurs émigrés à un coût fortement réduit, accès à des crédits, microcrédits ou comptes d’épargne et autres services tels que le paiement de factures d’électricité ou le règlement d’achats dans les supermarchés pour des populations n’ayant pas accès aux systèmes bancaires.
Cette plateforme illustre la manière dont certaines expériences au Sud s’inscrivent dans le registre de “l’innovation inversée” : des innovations sont d’abord produites en Afrique et pour le marché africain avant de se diffuser globalement. C’est ainsi que, outre en Égypte, au Lesotho et au Mozambique, M-Pesa a été lancé en Inde et en Roumanie.
La marketplace marocaine Jumia montre, quant à elle, une adaptation africaine de la vente en ligne en permettant le paiement à la livraison ou par le service de paiement mobile (mobile money) à la commande et en privilégiant la livraison en points relais.
Planification, gestion et aménagement urbain
Ces secteurs connaissent également de profondes transformations : utilisation de plus en plus répandue des TIC dans la gestion des services urbains, projets de villes intelligentes (smart cities) créées de toutes pièces, comme Konza City au Kenya, surnommée la “Silicon Savannah”, ou Eko Atlantic City au Nigeria. La question du développement territorial est désormais reformulée dans un contexte de diffusion rapide des discours sur les villes intelligentes ou l’urbanisme intelligent.
Médiatisés par des réseaux internationaux de villes, des grandes entreprises et des cabinets de consultants, ces discours promettent des “solutions” efficientes et efficaces aux problèmes du développement urbain durable. Ils s’articulent à ceux des pouvoirs publics, désireux de renouveler leurs modes de planification, de gestion et de gouvernance dans le cadre d’une transition vers une économie “bas carbone” et une croissance “inclusive”, à l’image de l’Afrique du Sud.
Les technologies numériques sont mises au service des enjeux internes aux villes : améliorer l’efficacité des services publics, à travers la numérisation du cadastre, la gestion en temps réel du transport ou de la sécurité via la vidéosurveillance, l’offre de nouveaux services aux usagers dans le cadre de l’e-gouvernance, le développement d’outils et d’applications par les usagers ou des opérateurs privés. Ainsi se développent des applications et plateformes pour signaler des incidents et des dysfonctionnements urbains, pour géolocaliser les bus, assurer un dépannage à distance…
Les technologies numériques répondent également à des enjeux de compétitivité économique nationale et internationale. Ont été créés des hubs technologiques (de la Silicon Cape en Afrique du Sud à la Silicon Savannah au Kenya) ou des espaces de travail partagés permettant de mutualiser les coûts, de favoriser les échanges d’idées et d’offrir aux startups un accueil en phase de pré-incubation ou de prototypage, à l’image des FabLabs.
Les plus gros hubs se trouvent à Nairobi (Kenya), Abidjan (Côte d’Ivoire, Accra (Ghana) et Durban (Afrique du Sud). Ces “écosystèmes numériques”, fondés sur l’économie collaborative, les données ouvertes (open data), la production participative (crowdsourcing), les forums numériques, transcendent les modèles classiques de l’économie basés sur la centralisation.
Les potentialités, limites et risques liés à l’utilisation des technologies numériques et des données spatialisées restent cependant encore trop rarement analysés dans le contexte des villes du Sud. Les questions d’accessibilité, de pouvoir d’achat, de modes de vie et d’usages politiques, économiques et quotidiens s’y posent en des termes différents des villes du Nord qui servent habituellement de référence aux débats critiques sur la “ville intelligente”.
Il en va de même pour les données environnementales dont la collecte, la précision et la diffusion ont été considérablement améliorées par la démocratisation des technologies numériques de la dernière décennie. Désormais très nombreuses et accessibles aux experts autant qu’au grand public, elles font l’objet d’analyses contradictoires et alimentent à l’occasion les débats portés par une société civile qui s’affirme face aux compagnies minières, forestières ou agro-industrielles par exemple.
L’impact des TIC est considérable dans la formation et le renforcement de la société civile, et plus généralement en matière de liberté d’expression. Dans les médias en ligne, les forums et les réseaux sociaux existent des espaces entièrement ouverts et échappant très largement au contrôle des pouvoirs en place.
Révolution numérique et développement
La rapidité de la diffusion des TIC en Afrique ainsi que les usages qui en sont faits montrent que les pays de cette partie du continent suivent une voie singulière. Très différente de celle qu’ont suivie les pays du Nord, elle est susceptible d’accélérer le développement, voire d’en bouleverser les trajectoires.
Un moteur du développement
À partir des années 2000, les TIC apparaissent progressivement dans les discours sur le développement jusqu’à y occuper une place essentielle. Mais si la corrélation entre le développement du numérique, le niveau d’éducation, d’équipement et de revenus semble facile à identifier, les relations de causalité le sont moins. Le développement des TIC précède-t-il des progrès mesurables dans ces domaines, ou en est-il la conséquence ? C’est sans doute là une des spécificités des trajectoires des pays africains. L’adoption massive des TIC s’y présente davantage comme un moteur du développement que comme l’une de ses manifestations.
Deux principaux mécanismes sont en jeu.
D’une part, les solutions apportées par les TIC permettent de “sauter” des étapes et donc d’atteindre plus rapidement (ou par d’autres voies) les objectifs de développement. Cette avancée (dite par “leapfrog”) peut être illustrée par les services de paiement et de transfert d’argent par téléphone comme ceux du kényan Mpesa, du sénégalais Wari ou d’Orange Money, qui se sont développés dans des contextes de faible bancarisation, mais qui en sont aussi des accélérateurs.
D’autre part, les effets directs et indirects de la révolution numérique, bien que difficilement mesurables, participent de la transformation de l’environnement économique et social et élargissent le champ des possibles. L’argent mobile permet par exemple des transactions plus rapides, plus sûres et à distance. L’accès à l’information est considéré comme un facteur de compétitivité. L’environnement numérique est favorable à l’innovation et au développement d’entreprises…
Des défis à relever
Mais, pour que l’impact des TIC sur les processus de développement se confirme et s’amplifie, plusieurs défis restent à relever pour les pays du continent. Les différents rapports – GSMA, Banque mondiale, notamment – en identifient principalement trois : besoin de développement des infrastructures, risque de fracture numérique et nécessité de renforcer les politiques publiques.
L’une des limites à la diffusion des TIC en Afrique et à l’exploitation de leur potentiel tient au développement tardif des infrastructures. Celles-ci restent encore insuffisantes au regard des besoins et du rythme auquel croît la demande. Sous l’effet d’importants investissements des États et des principaux opérateurs de télécommunication opérant sur le continent, tels que l’européen Orange, l’indien Airtel et les sud-africains MTN et Vodacom, les réseaux 2G et 3G couvrent dorénavant les parties les plus peuplées du continent. De nombreux espaces ruraux restent toutefois hors réseau. Quant à la 4G offrant un accès à Internet à haut débit, elle ne progresse que dans les principales agglomérations.
Pour le développement futur d’Internet, la connexion du continent au reste du monde par fibre optique est devenue un facteur crucial de développement. En complément des connections intercontinentales via les câbles sous-marins, le Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA) porté par le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) prévoit de soutenir la formation d’un réseau transafricain de fibre optique terrestre afin de satisfaire la demande croissante de haut débit à moindre coût. Mais le financement des projets d’infrastructures reste peu assuré et globalement inférieur aux besoins.
La révolution numérique, par sa rapidité et sa technicité, porte en elle des risques de fragmentations spatiales, entre villes et campagnes notamment, et sociales, liées à l’âge, au sexe, aux inégalités de revenu et/ou au niveau d’éducation. La voie du numérique ne pourra en effet être suivie et porter ses fruits sans efforts importants en matière d’éducation, de formation, de renforcement des capacités.
La simplification des technologies, la réduction des coûts de communication, la sécurisation des flux et l’extension des domaines d’application des services numériques à des secteurs comme l’agriculture et l’élevage, par exemple, sont également susceptibles de réduire les fractures.
Enfin, la capacité de l’économie informelle à s’emparer des nouvelles technologiques est un enjeu majeur. La révolution numérique pourrait bien bousculer les normes et la définition même de l’informel tout en dynamisant une économie “populaire”, produisant des biens et des services accessibles à tous.
Dans ce contexte, la définition et l’application de politiques publiques à la fois incitatives et régulatrices sont des exercices d’autant plus difficiles qu’ils paraissent urgents. Des cadres réglementaires sont attendus pour endiguer la cybercriminalité qui s’amplifie, pour encadrer la compétition et favoriser l’émergence d’entreprises africaines, pour accélérer les innovations et leur diffusion tout en veillant à ce qu’elles soient le plus inclusives possible.
Plusieurs pays d’Afrique subsaharienne mènent des politiques ambitieuses, se dotant d’organismes (ministères ou agences) consacrés à la promotion du numérique. Ainsi du Kenya, du Sénégal et du Rwanda, un pays qui est souvent cité en exemple pour avoir beaucoup misé sur la révolution numérique pour transformer son éducation, son économie, ses services de santé, son administration. Le taux de pénétration du mobile y atteint de nos jours 60%, et le pays est parcouru par plus de 2 500 km de fibre optique.
Enfin, le développement du numérique pourrait aussi faire resurgir les fragilités de certains régimes politiques dans des pays où les libertés individuelles, la liberté d’expression et d’entreprise ne sont pas entièrement assurées. Le contrôle et l’usage des informations produites y sont des enjeux majeurs, la sécurité de l’accès aux bases de données individuelles et d’entreprises étant parfois menacée.